Dogra Magra by Kyûsaku Yumeno

Dogra Magra by Kyûsaku Yumeno

Auteur:Kyûsaku Yumeno [Yumeno, Kyûsaku]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 2877306453
Éditeur: Philippe Picquier
Publié: 1934-12-31T23:00:00+00:00


Document N°2. Interview de Yayoko, tante de Kure Ichirô

Même lieu, même heure, après le départ de Kure Ichirô.

□ Tout cela me semble un mauvais rêve. Ichirô est bien le fils de ma jeune sœur, cela j’en suis absolument certaine. La ligne des yeux et du nez, c’est le portrait vivant de sa mère, jusqu’à sa voix qui est exactement la même que celle de notre pauvre père.

□ Pour ce qui est du passé lointain, je ne sais pas, mais depuis des générations notre famille vit de l’agriculture à Mei-no-Hama. Ma sœur et moi avons perdu notre mère très tôt, et comme notre père est mort l’année de mes dix-neuf ans, il n’est plus resté de notre famille que nous deux, ma jeune sœur Tchiseko [elle se retourne vers la plaque funéraire] et moi. Or, l’été de cette année-là, j’ai épousé mon mari Genkichi, qui est décédé maintenant, et peu de temps après ma jeune sœur a quitté la maison en laissant un mot : « Je vais à Tôkyô me perfectionner en dessin et en broderie ; je resterai toute ma vie célibataire, ne vous inquiétez pas de moi. » C’était au début de l’an 40 de Meiji ; plus tard, certaines personnes ont prétendu l’avoir aperçue à Fukuoka, mais moi, je n’ai plus eu de ses nouvelles. Pour moi, elle est vraiment partie pour faire de la broderie. Comme vient de le dire Ichirô, ma jeune sœur était d’une force de caractère peu commune, et à dix-sept ans elle était sortie première de l’école départementale pour filles ; mais avec son caractère, une fois qu’elle se mettait à quelque chose, elle en devenait fanatique, il lui arrivait souvent de lire un roman ou de dessiner toute la nuit sans dormir. En particulier elle aimait la broderie depuis l’école primaire, et même quand la nuit tombait, elle sortait sur la galerie qui longe le jardin et elle brodait parfois avec des bouts de fils de coton le motif d’une des cloisons coulissantes du temple qu’elle était allée copier sur un papier à dessin ; je crois que c’est quand elle a compris que j’allais me marier qu’elle s’est lancée à fond dans les travaux artistiques. Quand j’y pense maintenant, cette fois-là, nous nous sommes séparées pour toujours. Elle n’aimait pas le travail à la rizière ou aux champs, aussi je lui demandais souvent de rester garder la maison, mais le portail de notre maison donne de plain-pied sur la rue, et il y a tant de passage, non, je ne crois pas qu’elle aurait pu partir en pensant à mal.

□ Par la suite, la seule nouvelle que j’ai eue de ma sœur c’est vers la fin de l’an 40 de Meiji, quand la mairie de Komazawa, un village près de Tôkyô, m’a appris qu’un garçon nommé Ichirô lui était né. J’ai immédiatement demandé à la police d’effectuer des recherches, mais la maison indiquée sur l’acte de naissance était relouée depuis longtemps et la lettre que j’avais écrite à tout hasard m’est revenue, alors je n’ai pas eu le courage de poursuivre.



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